La première édition du livre 2 d’approche tissulaire date de 2005. Comme pour le livre 1, s’est posé la question de la pertinence d’une nouvelle édition revue et corrigée. Plus encore que pour le livre 1, il nous a semblé évident qu’il était indispensable de concevoir et de publier une mise à jour.
Préface 2025
Tout d’abord, il est évident qu’en 20 ans de nombreuses évolutions se sont produites. Et sur le niveau 2 elles ont été plus nombreuses encore que sur le niveau 1. Certes, le fondamental n’a pas changé, mais l’expérience accumulée en 20 ans de pratique et d’enseignement a apporté beaucoup de nouveautés.
De plus, comme pour le livre 1, beaucoup de références bibliographiques ont dû être modifiées, essentiellement parce que certains textes importants ont bénéficié de nouvelles éditions, comme l’Autobiographie de Still republiée en 2017 et que certains autres, notamment de Still (Philosophie et principes mécaniques de l’ostéopathie), de Sutherland (Contributions de pensée et Avec les Doigts qui pensent) et de Becker (La vie en mouvement et L’immobilité de la vie), ont été publiés en français depuis la rédaction du livre 2 en 2005. Les références données étaient donc logiquement relatives aux publications françaises ou américaines disponibles à l’époque et il est apparu indispensable de les actualiser. Par ailleurs, d’autres références qui n’étaient pas connues à l’époque ont fait leur apparition et il a semblé important de les faire figurer.
Outre la multiplication des données, notre progression de praticiens et d’enseignants nous a fait découvrir des difficultés rencontrées par les participants dont nous ne soupçonnions pas l’existence ou l’importance au début de notre démarche.
L’une d’elle vient du fait qu’avec l’avènement et le succès des formations temps plein, sont arrivés chez les professionnels des praticiens de plus en plus jeunes, sans grande expérience de la vie.
Une autre tient au fait que les formations de collèges mettent de plus en plus l’accent sur les aspects scientifiques voire médicaux et de moins en moins sur les fondamentaux historiques et philosophiques de l’ostéopathie. Pour les jeunes ainsi formés, les concepts proposés par l’approche tissulaire sont souvent inconnus et très dérangeants.
Nous nous sommes également rendu compte que le contenu informatif du niveau 1 était devenu très dense et qu’une bonne partie échappait à de nombreux participants. Pendant longtemps, nous avons tenté de gérer cette difficulté en incitant les stagiaires à refaire au moins une fois le niveau 1 avant d’aller sur le 2.
Malgré cela, la marche semblait encore bien haute pour certains. Passer du concept corps-chose au concept corps-consciences ne se fait pas si facilement que cela, parce que cela contredit notre « livre des significations », c’est-à-dire le livre du monde que nous avons dans la tête et qui le plus souvent implicitement, règle l’interprétation et la compréhension de ce que nous percevons. À cause de cela, l’intégration de l’approche tissulaire se fait par une transformation progressive de notre « être » et de notre capacité à percevoir, grandement liée à la qualité de notre présence-attention-intention et des perceptions qui en découlent. Cette évolution procède d’une longue maturation qui nécessite de revenir à la « source » afin d’ajuster, rectifier, compléter ce que nous avons mis en pratique.
Tout cela nécessite un véritable « saut énergétique » alimenté par les échanges entre praticiens, les nouvelles expériences palpatoires et l’émulation qu’offre le groupe. C’est ce qu’expriment la plupart des participants qui se retrouvent au fil des années, de niveau 1 en niveau 2, et inversement, et qui bénéficient à l’issue de chaque stage d’un changement manifeste dans leurs perceptions et leur compréhension du vivant.
C’est ainsi que dans les années 2010, Tess Deffinis une ostéopathe de Marseille a eu l’idée de créer un niveau intermédiaire entre le 1 et le 2 qu’elle a appelé niveau 1 plus (niveau 1+) dont l’objectif était de revisiter les concepts de base du 1er niveau (conscience, communication, énergie, etc.), d’exposer quelques fondamentaux du 2e niveau (actualisation / potentialisation, les 3 matières, etc.), de mettre l’accent sur le développement des perceptions de chacun, en s’appuyant sur des pratiques intégrant les paramètres de palpation, subjectifs (présence, attention et intention) et objectifs (tension, densité et vitesse), de reprendre le modus operandi et les techniques essentielles qui lui sont associées. Malgré cela nous nous sommes rendu compte que persistaient des difficultés tenant pour l’essentiel à la compréhension du praticien conscience et à la gestion du mental perturbant souvent la présence.
C’est dans cette même période, qu’Alain Decouvelaere nous a rejoint. Rencontrant lui-même des difficultés pour intégrer et pratiquer l’approche, il a eu le courage d’entreprendre une démarche personnelle et une recherche approfondie qui l’ont conduit à une bien meilleure compréhension du mental et de ses ressorts cachés. Outre l’évolution personnelle qui en a découlé, cela lui a permis de trouver des moyens pour aider davantage de jeunes praticiens à gérer leur mental pour accéder à une meilleure qualité et stabilité de leur présence. Il exprime tout cela aujourd’hui sur le niveau 1+. La présente mise à jour a intégré une bonne partie de ce qu’il a découvert et mis en place pour les praticiens en approche tissulaire. Son apport est pour l’approche d’un inestimable intérêt. Qu’il en soit chaleureusement remercié.
Introduction 2025
« Seules sont vraies les pensées dont le contraire
est également vrai, en son temps et lieu ;
les dogmes indiscutables
sont la plus dangereuse espèce de mensonge. »
Aurobindo, 1975, 44.
Pierre Tricot
Une des originalités de l’ostéopathie – peut-être la principale –, c’est de considérer un être vivant non pas seulement comme un corps, mais comme un « assemblage » d’éléments très concrets (le corps) et d’éléments qui le sont beaucoup moins comme le mental (mind en anglais) et l’être (spirit en anglais)1. Citons Still :
« Après toutes ces explications, nous devons décider que l’homme, lorsqu’il est complet, est trinitaire. En premier, le corps matériel, en second, l’être spirituel, en troisième, un être de pensée de loin supérieur à tous les mouvements vitaux et aux formes matérielles, dont le devoir est de diriger sagement ce grand mécanisme de vie. » (Still, 2003, 49).
Ainsi rédigée, cette citation pourrait nous laisser penser que trois éléments coexistent séparément pour constituer un être humain. Cette manière de voir les choses, héritière typique de la pensée aristotélicienne séparatrice (une chose est ou n’est pas), s’avère peu conforme à la réalité. Ces trois éléments ne sont probablement pas des entités différentes juxtaposées, mais peut-être une seule et même entité subissant des variations d’état pour passer d’un état spirituel pur, à un état plus condensé que l’on pourrait considérer comme le mental, à un état plus condensé encore, le corps physique. Pour illustrer cela, nous avons utilisé dans livre 1 d’approche tissulaire le modèle du cône qui permet de modéliser que l’on part de quelque chose d’immatériel, l’esprit [spirit], qui se développe vers quelque chose de très matériel comme le corps, en passant par une structure intermédiaire, le mental [mind].
Pour l’ostéopathe, le problème est qu’il a ses trois éléments sous les mains, tous trois assumant des niveaux de causalité différents et qu’il doit composer avec les trois. Voilà le sujet du présent ouvrage.
Ainsi, à la fin du premier ouvrage sur l’approche tissulaire est indiqué que la remontée dans le cône conduit progressivement de la plasticité vers la fluidité, la structure devenant moins évidente à percevoir, moins facile à discerner et les fulcrums* 2, du même coup, plus difficiles à établir :
« Lorsque la matière dépasse son degré d’atomisation maximum, elle devient vie, et agit et se conforme pour s’adapter au corps de n’importe quel être de l’univers. Quand la matière n’est plus divisible, elle devient un fluide de vie qui s’unit facilement à d’autres atomes, pour devenir une masse de matière vivante pouvant se recristalliser en forme, attribuée par les causes parentes. » (Still, 2003, 264-265).
Remonter dans le cône a permis de développer un modèle fondé sur la conscience. Ce fut une grande étape dans ma (PT)3 démarche d’homme et de praticien ostéopathe. Pourtant, remonter dans le cône ne faisait que repousser d’autant les limites de l’horizon, sans trouver de réelles réponses aux questions qui obsèdent le philosophe : qu’est-ce que la conscience, qu’est-ce que la vie, quelle est la cause de tout cela ? Après m’être senti perdu dans celui des perceptions, je me sentais désormais perdu dans l’océan de la conscience. Je ne pouvais demeurer ainsi : en tant qu’homme, en tant que thérapeute, je ressentais l’impérieux besoin de points d’appuis, de fulcrums. Alors, « Comme Colomb, je trouvai du bois flottant sur la surface. Je notai la direction du vent, d’où il venait, et dirigeai mon bateau en conséquence. » (Still, 1998, 76).
D’hier…
Dans cette quête, il est apparu logique de se tourner vers Still. Lui aussi s’est intéressé à ces questions. Il en parle souvent, notamment dans le chapitre XI de Philosophie et principe mécaniques de l’osteopathie appelé Biogène 4. Il y développe des réflexions de nature métaphysique qui ne manquent pas d’intérêt, mais nous laissent, elles aussi, dans l’interrogation : « Personne ne connaît le philosophe qui le premier posa la question : ‘Qu’est-ce que la vie ?’ Mais toute personne intelligente s’intéresse à ce problème, désirant au moins connaître une raison tangible pour laquelle on l’appelle ‘vie’ ; savoir si la vie est personnelle ou si elle est organisée de manière telle qu’on puisse la considérer comme principe individualisé de la Nature. » (Still, 2003, 258).
Travailler avec Still a conduit à Spencer 5, son mentor qui s’est, lui aussi, particulièrement intéressé à la cause. « Nous ne pouvons penser aux impressions que le monde produit en nous, sans penser qu’elles ont une cause, et nous ne pouvons rechercher leur cause sans nous heurter à l’hypothèse de la cause première. » (Spencer, 1885, 32). Mais finalement, Spencer conclut à l’impossibilité de connaître vraiment le monde dont nous faisons l’expérience, « La matière est aussi absolument incompréhensible dans sa nature intime que l’Espace et le Temps. » (Spencer, 1885, 47). Rejoignant les philosophies orientales traditionnelles, il considère le monde que nous expérimentons comme le reflet d’une autre réalité, pour nous insaisissable : « Les vérités les plus hautes que nous puissions atteindre ne sont que des formules des lois les plus compréhensives de l’expérience que nous avons des relations de Matière, de Mouvement et de Force ; la Matière, le Mouvement, la Force ne sont que des symboles de la réalité inconnue. » (Spencer, 1885, 496). Ne pouvant résoudre ce dilemme, Spencer a créé le concept d’Inconnaissable, concluant finalement : « Étant donné que toute tentative de concevoir l’origine des choses est futile, je me contente de laisser la question en suspens, comme un mystère insoluble. » (Spencer, 1885, 173).
Reconnaître l’Inconnaissable, c’est concevoir une force qui nous dépasse, qui nous englobe sans doute et dont nous sommes dépendants, mais ne nous empêche nullement de continuer à poser la question de la Cause des causes : « Un pouvoir dont la nature reste pour toujours inconcevable, et auquel on ne peut imaginer de limite dans le temps ou l’espace, produit en nous certains effets. Ces effets ont des ressemblances d’espèce, ce qui nous permet de les classer sous les noms de Matière, Mouvement, Force. » (Spencer, 1885, 496). Quelle est donc cette réalité inconnue et pour Spencer inconnaissable ?
« La force dont nous affirmons la persistance est la Force absolue dont nous avons vaguement conscience comme corrélatif nécessaire de la force que nous connaissons. Ainsi, par la persistance de la force, nous entendons la persistance d’un pouvoir qui dépasse notre connaissance et notre conception. En affirmant la persistance de la force, nous affirmons une réalité inconditionnée sans commencement ni fin. » (Spencer, 1885, 173).
Pour désigner cette Cause, Spencer parle de Force. Dans l’équation Matière, Mouvement et Force, Still, en bon spiritualiste, substitue Esprit à Force. Dans Autobiographie, il écrit : « Dieu se manifeste dans la matière, le mouvement et l’esprit. Étudiez soigneusement ses manifestations. » (Still, 1998, 169). Également dans Autobiographie : « Je trouve en l’homme un univers en miniature. Je trouve la matière, le mouvement et l’esprit » (Still, 1998, 306).
Après l’élaboration du modèle de la conscience, présenté dans le livre 1 d’approche tissulaire, a semblé s’imposer la nécessité de substituer Conscience à Esprit, et de paraphraser Still : « Je trouve en l’homme un univers en miniature. Je trouve la matière, le mouvement et la conscience. »
« Ou bien nous pouvons dire, ainsi que le font quelques penseurs, que la matière n’est qu’un mode particulier de manifestation de l’esprit [spirit], et que l’esprit est par conséquent la cause véritable. » (Spencer, 1885, §12, p. 31)
Cela étant, changer le nom, ne nous fait pas connaître davantage. Que nous parlions de Force, d’Esprit ou de Conscience, nous nous retrouvons inéluctablement face à l’Inconnaissable. Entre Esprit ou Conscience et Matière, comment s’effectue la transition ? De la Matière à la Conscience comme le pensent certains ? Ou de l’Esprit ou Conscience à la Matière comme le pensent d’autres ?
Faute de trouver des réponses chez nos aînés (nous cantonnant volontairement à la lignée stillienne), nous nous sommes tournés vers nos contemporains. Les développements récents des domaines physiques et philosophiques nous proposent dans ces domaines des modèles et chemins intéressants, qui valent la peine d’être étudiés et surtout mis en pratique. Voilà le sujet de cet ouvrage.
… À aujourd’hui
J’aimerais (PT) évoquer rapidement les principaux auteurs auxquels je me suis référé dans la poursuite de mon chemin à la recherche d’une cohérence. Ils sont nombreux, mais parmi eux, plusieurs émergent comme essentiels. C’est ceux-là que je désire évoquer.
Alfred Korzybski et la pensée non-aristotélicienne.6 Dans le livre 1 d’approche tissulaire, je décris au chapitre Disciple de Colomb, mes difficultés relatives à la palpation et j’évoque largement l’importance qu’a eu pour moi la découverte de la Sémantique générale de Korzybski. Une de ses remarques les plus importantes correspond à l’idée que nous décrivons l’univers tel que nous le percevons. Dans cette proposition, deux éléments capitaux et différents l’un de l’autre méritent d’être analysées, la perception et la description que nous faisons de ce que nous avons perçu. En fait, pour chacun d’entre nous, existent deux types de réalités que nous confondons souvent : « Très fréquemment, […] on fait une confusion entre deux aspects différents de ce que nous appelons la réalité. Le premier a trait aux propriétés purement physiques, objectivement sensibles des choses, et est intiment lié à une perception sensorielle correcte, au sens ‘commun’ ou à une vérification objective, répétable et scientifique. Le second concerne l’attribution d’une signification et d’une valeur à ces choses, et il se fonde sur la communication. » (Watzlawick 1978, 65)
Pour décrire ce que nous avons perçu, nous utilisons le langage, de tout temps implicitement considéré comme le miroir de la réalité. « C’était lui attribuer trop de pouvoir, et bon nombre de nos ‘maux’ sont venus de là. Qui dit miroir, en effet, veut dire reflet fidèle. L’on n’a donc pas su voir toute la distance, toute la différence, qui séparait le donné vécu, observé, de ce que l’on pouvait dire à son sujet. On a identifié ce donné vécu avec ce que l’on en disait. Et, dans bien des cas, on a laissé ce qui était dit prendre le pas sur ce qui était ou pouvait être observé ou vécu. […] Le langage, en effet, ne peut pas prétendre à rendre compte des faits totalement, encore moins avec une totale fidélité. Il ne fait en somme pas autre chose que de permettre le tracé de ‘cartes verbales’. En analogie avec ce qui vient d’être dit de la carte (la carte n’est pas le territoire), nous pouvons dire : un mot n’est pas ce qu’il représente ; un mot ne représente pas tous les faits. » (Bulla de Villaret 1992, 22)
Ainsi, nous n’en restons jamais au stade de l’expérience directe et passons presque immédiatement, sans même nous en rendre compte, à l’étape d’abstraction, d’interprétation, puis d’interprétation d’interprétations. Ainsi, à partir d’un événement survenu, nous formulons un énoncé, puis nous formulons un énoncé à partir de cet énoncé, et ainsi de suite. Ce second mécanisme utilise également le langage, mais, contrairement au langage utilisé par l’ingénieur pour élaborer ses constructions – le langage mathématique – qui présente une structure similaire à celle des faits dont il s’occupe (l’alternative oui/non), le langage utilisé pour édifier les structures politiques, économiques, sociales et autres structures humaines instables ne présente pas une structure similaire aux faits de la science et de la vie qu’il cherche à représenter. En conséquence, les résultats sont imprédictibles et conduisent à des désastres.
Cette constatation a poussé Korzybski à glisser de la logique dite aristotélicienne qui postule que le mot représente exactement ce qu’il désigne vers une logique non-aristotélicienne (dite non-A) dans laquelle le mot ne représente pas exactement ce qu’il désigne, la logique non-A étant un cas général englobant le cas particulier de la logique A.
La logique aristotélicienne
La logique dite aristotélicienne (A) énonce trois lois de la pensée :
1. la loi d’identité : tout ce qui est, est
2. la loi de contradiction : rien ne peut à la fois être et n’être pas
3. la loi du tiers exclus : tout doit ou bien être, ou bien n’être pas.
Du fait de la première loi de pensée, le système aristotélicien fonctionne, sur un raisonnement bi-valent : soit une chose est, soit elle n’est pas. Ce système, s’il peut se montrer efficace dans des situations de la vie relativement simples, devient obsolète dans des situations et raisonnements plus sophistiqués : est-on, nécessairement, soit heureux, soit pas heureux ?
Ainsi, selon Korzybski, bien qu’elle se soit montrée efficace pendant une période de notre développement, cette structure de pensée est désormais incompatible avec le développement de la science et notamment avec ce qui découle des découvertes d’Einstein et des physiciens quantiques, parce qu’elle nous conduit à beaucoup de confusion à propos de l’identité. Korzybski a pointé le fait que rien n’est identique à une chose, car il faudrait qu’elle soit cette chose sous tous ses aspects, ce qui, compte tenu des propriétés sub-microscopiques de la matière est impossible.
La pensée non-aristotélicienne
En conséquence, Korzybski en est venu à s’engager dans une logique dite non-aristotélicienne (non-A) gouvernée par trois lois7 :
1. Les mots ne sont pas les choses qu’ils représentent (une carte n’est pas le territoire).
2. Les mots ne peuvent pas couvrir tout ce qu’ils représentent (une carte ne couvre pas tout le territoire).
3. Dans le langage, nous pouvons parler à propos du langage (une carte est auto-réflexive).
Edgar Morin 8 nous accompagnait déjà lui aussi lors de la rédaction du premier ouvrage sur l’approche tissulaire. Il nous a ouvert l’accès aux concepts de complexité et d’hypercomplexité qu’il fonde sur trois piliers : la théorie de l’information, la cybernétique et la théorie des systèmes. Dérogeant au sacro-saint principe du tiers exclu 9, Morin développe également le principe dialogique qui, au lieu d’opposer les contraires, se propose de les faire communiquer, échanger. De là naît une attitude cherchant à englober, rassembler plutôt qu’à séparer. Morin, nous permet de comprendre le désir de globalité de Spencer et de Still, de mettre en application le principe selon lequel le regard englobant est le meilleur moyen d’étudier, de penser et de vivre le complexe.
Jean Charon 10, en développant le modèle d’un univers fondé sur l’Esprit, nous permet d’oser aborder l’interprétation du monde de « l’autre » point de vue : plutôt que l’observer et conclure que de son évolution naît la conscience, il nous propose le chemin inverse. La conscience crée le monde, y compris le monde physique qui, de ce fait doit être considéré comme vivant et conscient. L’évolution du créé permet ensuite à la conscience de prendre conscience de son existence et de se connaître en tant que conscience. Still exprime une intuition analogue dans Biogène : « On dit que ‛toute matière est substance vivante’. Nous ne connaissons la vie qu’à travers le mouvement des corps matériels. » (Still, 2003, 265). D’autres que Charon ont émis des hypothèses similaires, mais il s’agit d’un physicien de haut niveau et sa démarche est de nature dialogique : à la fois philosophique, spirituelle et scientifique, elle relie le haut et le bas du cône au lieu de les opposer. C’est une des raisons qui nous y a sensibilisé.
Depuis Charon, d’autres auteurs appartenant eux aussi au monde scientifique ont développé des modèles tentant de sortir la science du carcan matérialiste dans lequel elle a choisi de s’enferrer. Nous pouvons notamment citer, entre autres, Vahé Zartarian avec son ouvrage Nos Pensées créent le monde, Emmanuel Ransford avec La nouvelle physique de l’esprit, Bernardo Kastrup avec Pourquoi le matérialisme est absurde, Thomas Campbell avec Ma très vaste théorie du tout, Philippe Guillemant avec La physique de la conscience et pour les anglophones, Irreducible mind : toward a psychology for the 21st century, de Kelly & al.
Stéphane Lupasco 11, diverge, lui aussi, de la pensée aristotélicienne. Il affirme que principes d’exclusion et tiers exclus ne sont que des cas particuliers et propose, au contraire, les logiques du contradictoire et du tiers inclus. Rapporté au concept A versus non-A, cela signifie que l’absolu n’existe pas et que dans A existe toujours une partie, si infime soit-elle, de non-A (ou une partie de A dans non-A). De cette logique il déduit un modèle (une représentation théorique) faisant naître la matière de l’énergie. Celle-ci crée des systèmes de plus en plus complexes donnant à expérimenter trois types de matières (physique, biologique, neuro-psychique). De plus, si, suivant Charon, nous déduisons l’énergie de la conscience, ces matières sont conscientes. Au sein du corps vivant, elles coexistent, chacune possédant des propriétés qui lui sont propres et que nous devrions connaître et respecter lorsque nous nous adressons à elles. Voilà qui initie un autre regard sur le vivant, par bien des points en opposition avec l’approche médicale dite « scientifique », qui ne voit dans le système corporel qu’un ensemble physico-chimique et mécanique et s’adresse à lui comme tel. Le concept de différentes matières, toutes conscientes, a conforté ce qui était présenté et expérimenté dans le livre 1, mais surtout permis de raffiner comportement et techniques thérapeutiques.
Arthur Koestler 12, quant à lui, développe le modèle de la holarchie* dans lequel il démontre que toute manifestation peut se réduire à une organisation hiérarchique de parties plus simples, les holons*. Si l’on applique au holon la propriété de conscience, il devient un « grain de conscience » élémentaire dont les propriétés de base se retrouvent au sein des agrégats de holons ou holarchies. Les propriétés du holon et des holarchies appliquées au modèle de Lupasco lui donnent une amplitude et une pertinence fascinantes.
Étudier Lupasco et Koestler avec l’idée qu’ils décrivent (sans le dire) des manifestations de la conscience a été source d’une extraordinaire progression conceptuelle, amenant à regarder la vie et le vivant à partir d’un autre point de vue, avec souvent l’impression de découvrir un nouveau spectacle. De plus, cette conjonction reste, nous semble-t-il, tout à fait en accord avec les concepts essentiels développés par Still. Mieux, elle donne corps à ses intuitions : « (Still, 2003, 267)Tout cela nous a permis de conceptualiser de manière plus précise encore comment vit, agit et réagit une conscience ou un système de consciences et donc d’en raffiner les outils. Enfin, cela nous a permis d’affiner le modus operandi de l’approche tissulaire et de développer des techniques en cohérence avec le modèle.
Sur le plan philosophique et spirituel, plusieurs auteurs m’ont particulièrement aidé, notamment Satprem avec Le Mental des cellules et ses mentors, Shri Aurobindo et Mère. Les textes d’Arnaud Desjardin, de Swami Chetanananda et de Walter Russell (découverts grâce à Rollin Becker) ont également fourni des indices précieux pour relier le spirituel, le philosophique et le scientifique.
Scrupules
Pousser la logique de la matière vivante donc consciente a, en revanche, conduit dans des voies que nous n’aurions pas imaginées, ravivant les scrupules évoqués au début du livre 1 quant à la divulgation de ce que nous vivions. Mais la dynamique lancée par la publication du livre 1 nous a pas laissés longtemps dans l’expectative. C’est encore Korzybski qui, avec son concept de Time binding nous a poussés à passer à l’acte. Il s’agit de la capacité potentielle de chaque génération humaine à commencer (approximativement) là où s’est arrêtée la génération précédente. Elle permet à nos enfants de ne pas avoir à réinventer le feu, la roue, l’eau chaude, les ordinateurs, etc. Mais elle suppose que l’information soit transmise. Ne pas transmettre, c’est interrompre une chaîne, empêcher, ou en tout cas ralentir, un processus évolutif de toute manière inéluctable. D’ailleurs, sans le nommer, Still concevait, lui aussi, le Time binding : « En livrant ces quelques pensées sur notre conception de la vie, nous espérons que l’ostéopathe s’emparera de la question pour pousser plus avant vers la grande source de connaissance, et appliquer ce qui en résultera au soulagement et au confort de l’affligé venant le consulter pour conseil et avis. » (Still, 2003, 168).
Enfin, malgré les difficultés et pièges que nous tend le langage, transmettre par l’écrit nous apparaît comme un des moyens de transmission les plus fiables. Puisque à chaque transmission se produit une altération, l’écrit offre une source unique et stable (un fulcrum) à laquelle se référer. Ne pouvant empêcher chacun d’altérer l’information qu’il reçoit, il apparaît indispensable de fournir un matériau écrit présentant le plus clairement possible ce que nous désirons exprimer et auquel se référer en cas de doute ou d’incertitude. Nous ne pouvons faire plus, sinon nous taire. Mais, ne rien dire laisse une information non transmise et ne donne pas la chance à celui qui voudrait s’en servir de le faire. Nous croyons que même si elle dérange, faire circuler l’information vaut mieux que la retenir. La vie nous enseigne tous les jours que la rétention de l’information est une source majeure de difficultés.
Cela étant, la transmission écrite, si elle paraît particulièrement utile et sans doute nécessaire, ne nous semble pas suffisante. Il faut également permettre aux personnes qui nous lisent d’expérimenter ce qui est présenté. Finalement, seule l’expérience permettra au lecteur de valider ou d’invalider ce qui est décrit théoriquement. La mise en pratique est d’autant plus importante que « nous vivons d’expériences » et qu’une théorie, aussi intéressante soit-elle, n’a de sens que si elle est portée dans l’expérience.
Restait alors une dernière question : sommes-nous encore dans la dynamique stillienne ? Nous avons le sentiment que oui. Certes, Still n’avait pas accès aux auteurs qui ont servi au développement de ce modèle. Mais ses intuitions les rencontrent sans cesse. Nous nous sentons donc dans la continuité de ce qu’il a proposé.
« Mon père était un fermier progressiste, et il était toujours prêt à laisser de côté une vieille charrue s’il pouvait la remplacer par une autre mieux adaptée à son travail. Durant toute ma vie, j’ai toujours été prêt à acheter une meilleure charrue » (Still, 2017, 231).
Remerciements
Remercier tous les êtres qui m’ont aidé pour la conception de l’approche tissulaire sans oublier personne serait impossible, tant j’ai conscience d’avoir reçu de l’aide de toutes sortes de domaines et de personnes, pour quelques-unes par contact direct, mais pour beaucoup par les lectures et les traductions.
Plus précisément, je voudrais remercier Alain Decouvelaere qui m’a rejoint en 2020, grâce à qui nous avons pu créer la société ATO Formations qui gère désormais les stages de formation à l’approche tissulaire et qui m’aide très concrètement à poursuivre l’évolution et la transmission de l’approche.
Et enfin, une mention toute particulière pour Christiane, mon épouse qui, dès le début m’a assisté de toutes sortes de manières et a su me remotiver dans les moments de découragement, voire de doute.
Alain Decouvelaere
Je (AD) tenais à remercier Pierre pour m’avoir proposé de participer à la rédaction de la deuxième édition des livres 1 et 2 de l’approche tissulaire de l’ostéopathie. L’approche tissulaire n’est pas un modèle figé mais dynamique en évolution permanente. Pouvoir participer à cette évolution en y apportant mon regard et mon vécu constitue pour moi un honneur. Avant d’aller plus loin, j’aimerais évoquer rapidement ma rencontre avec l’approche tissulaire et la manière dont ce concept m’a aidé et m’aide encore aujourd’hui à expérimenter la Vie.
Au commencement est la décision…
L’approche tissulaire est arrivée dans ma vie à un moment de fin de cycle. En effet à cette époque j’effectuais la transition entre ma profession de kinésithérapeute et mon enseignement en ostéopathie. Cette transition était pour moi compliquée, car la pratique de la kinésithérapie ne me satisfaisait plus et l’enseignement reçu en ostéopathie ne correspondait pas à l’image que je m’étais faite de la discipline. Je pratiquais une ostéopathie qui ne faisait pas sens pour moi. J’appliquais des « techniques » sur des patients et restais dubitatif devant les résultats. Je ne voyais pas l’utilité de ce que je pouvais proposer aux patients. J’avais vraiment le sentiment de manquer d’authenticité dans ma pratique. Pour essayer de remédier à ce constat et tenter de retrouver du sens dans ma pratique, je suis allé chercher des « techniques » pour m’améliorer encore et encore. J’ai multiplié les formations, les stages post-gradués mais sans résultat probant pour les patients. Je me sentais perdu sans savoir comment redonner du sens dans ma pratique et continuer à travailler… Cette sensation de perte de sens se ressentait dans ma pratique professionnelle mais également dans ma vie personnelle. C’est au cours d’une de ces formations que, percevant ma lassitude et mon désarroi, un de mes enseignants a pris du temps pour essayer de comprendre ma difficulté. Il m’a alors conseillé d’aller suivre un stage d’approche tissulaire. Ce concept m’était totalement inconnu, mais me sentant dans une impasse, je me suis dit « pourquoi pas ? Allons chercher une technique de plus ! ». En arrivant la première fois pour participer au stage, je ne savais pas à quoi m’attendre et j’avoue ne pas avoir été déçu !!!
Je suis sorti de ce premier stage d’approche tissulaire chamboulé, car de nombreuses croyances se sont trouvées ébranlées. Mais malgré ces multiples remises en question, le discours que je recevais avait pour moi du sens. Durant ce stage, j’ai pour la première fois ressenti dans ce modèle une justesse. J’avais le sentiment que des mots étaient posés sur ce que je ressentais au cours des séances avec les patients. En fait je percevais un début de réponse à ma problématique. Sorti de ce premier stage, il m’a fallu remettre de l’ordre dans tout cela, retrouver une assise. Car c’était la première fois dans une formation en ostéopathie, que l’on me parlait de conscience, d’être, de présence, de philosophie de vie. J’avais le sentiment que c’était ce qui me manquait dans ma pratique et plus largement dans ma vie quotidienne. Ces notions peuvent paraître banales et simples mais étant bien ignorant dans ces domaines, elles me paraissaient totalement floues. Certes j’avais déjà entendu parler de conscience, mais quel rapport avec l’ostéopathie ?
Je commençais à découvrir une autre ostéopathie, différente de celle que l’on m’avait enseignée, différente de la mise en place de techniques, plus respectueuse de l’humain dans sa globalité. Pour la première fois, j’obtenais une vision de l’ostéopathie qui me parlait, me touchait. Prise de conscience également que je ne connaissais pas grand-chose à l’histoire de l’ostéopathie, ses origines, ses concepts fondamentaux… Au début de mon enseignement, je ne voyais pas l’intérêt de connaître l’historique de cette pratique. En effet, si l’ostéopathie se résumait à de la technique quel intérêt de connaître tout cela ? Mais ce que nous proposait l’approche tissulaire n’était pas que de la technique et c’est cela qui visiblement me touchait et avait pour moi du sens. Ainsi fut prise ma décision : poussé par un élan viscéral, il me fallait explorer cette voie, retourner en stage et essayer de mettre des mots et du sens dans ces expériences. J’avais l’intime conviction d’avoir trouvé mon chemin.
La première grande découverte et rencontre (en dehors de Pierre) fût pour moi celle du fondateur de l’ostéopathie : Andrew Taylor Still. En effet, durant les stages je me suis rendu compte que je ne connaissais pas grand-chose de la vie du « Vieux Docteur ». Prise de conscience également que j’étais déconnecté de la source de l’ostéopathie. L’image que je m’en faisais et la manière dont elle m’avait été enseignée me semblaient bien loin de ce qu’elle était vraiment. Afin de retrouver le message délivré par Still, je me suis donc plongé dans ses écrits. Plus je lisais, plus je découvrais un personnage hors du commun. Son chemin de vie me sidérait. Se rendre compte des difficultés qu’il avait rencontrées dans son entourage pour oser exprimer sa vision du soin, de l’hostilité médicale et politique de l’époque s’opposant activement à la propagation de l’ostéopathie. Pourtant, malgré tous ces obstacles il a continué son chemin. Et avec une foi chevillée au corps en lien avec le plus grand que lui qu’il nommait de différente manière, le Créateur, le Grand Architecte… il a fait face. Il a apporté à la population une aide réelle. Conscient que l’ostéopathie ne lui appartenait pas, conscient de son devoir de transmission, il a mis en place les outils pour qu’elle continue de vivre après lui.
Ce retour à la source m’a permis de prendre conscience que l’ostéopathie n’est pas qu’une technique de soin et qu’accepter de s’engager en ostéopathie demande bien plus qu’exercer une simple profession.
Au cours de ce premier séminaire s’est produit un autre événement marquant et bouleversant pour moi : une rencontre d’Être. Mettre des mots sur ce type de rencontre me paraît simple aujourd’hui, mais à l’époque je ne comprenais rien de ce qui se passait. Ce contact s’est déroulé suite à une question anodine posée à Pierre. Pour la première fois je ressentais que la personne en face de moi ne me jugeait pas, que la rencontre ne se faisait pas que sur un plan physique, il y avait quelque chose de plus. Notre échange me semblait beaucoup plus profond, vrai, authentique. Je me suis senti reconnu, je n’avais jamais vécu cela. Je suis resté bouleversé quelque temps, sans trop comprendre ce qui pouvait bien provoquer chez moi cet état. J’ai mis une quinzaine d’années à comprendre ce qui m’était arrivé et même encore maintenant je reçois régulièrement des éléments de compréhension : une rencontre d’Être à Être !
Cela a renforcé en moi la conviction qu’il me fallait poursuivre dans cette voie et revenir en séminaire. J’avais besoin de trouver des réponses à mes nouveaux questionnements : qu’est-ce qu’un Être ? Comment rencontrer une personne dans l’Être au-delà du corps physique ? Comment communiquer de conscience à conscience ? Bref étudier les concepts de l’approche tissulaire !
Il m’a fallu du temps pour étudier, décortiquer, remettre en question, expérimenter le modèle de l’approche tissulaire. Plus j’avançais sur ce chemin et plus je constatais que de nombreux changement émergeaient dans ma vie. Plus j’intégrais et mettais en pratique les concepts plus les choses bougeaient autour de moi. Ce fut très libérateur. Je prenais conscience de l’importance de ce modèle. Conscience également que si cette manière de vivre l’ostéopathie avait pu m’aider alors peut-être pouvait-elle également aider d’autres personnes. C’est la raison qui m’a poussé à désirer transmettre l’approche tissulaire. Ces diverses expériences m’ont permis de comprendre également que comme tout concept, il n’est pas arrêté, figé mais vivant donc en perpétuelle évolution. Pour pouvoir suivre cette évolution et être fidèle dans la transmission, il me fallait rester connecté à la source de l’approche tissulaire. C’est la raison qui m’a motivé à accepter la proposition de Pierre de venir le rejoindre en Normandie.
De l’approche tissulaire à la rencontre de mes limites…
Je ne reviendrais pas sur les concepts de l’approche tissulaire qui sont présentés dans le livre 1. Mais il me semble important de revenir sur une notion abordée au cours des stages de niveau1 : le modèle du cône. En effet c’est ce modèle qui m’a permis de comprendre la posture du praticien en approche tissulaire. Je reconnais que lors des premiers stages effectués, ce modèle me paraissait flou. Je ne le comprenais pas, il m’a fallu quelques années pour l’analyser et comprendre le message qu’il sous-tendait. Ce modèle nous propose en remontant dans le haut du cône de quitter le « faire » pour pratiquer depuis « l’être ». De quitter les zones d’effet et d’avoir une action sur les zones de causes. De passer de l’état de savoir à l’état de ne plus savoir. Facile à entendre, mais pas simple à expérimenter et mettre en place dans ma pratique…
Plus je participais aux stages et plus je prenais conscience que l’approche tissulaire ne se résumait pas à de la « technique ». Qu’avant de vouloir « faire » quelque chose il fallait d’abord « être ». C’était pour moi l’illustration du discours de stage :e praticien en approche tissulaire n’est de ce fait qu’un « facilitateur » pour permettre aux forces de Vie de s’exprimer au sein du système de nos patients. C’est pour moi l’illustration de la phrase de Viola Frymann
« Vous n’avez jamais guéri et jamais vous ne guérirez qui que ce soit ! Tout ce que vous pouvez faire, c’est d’établir des conditions telles qu’elles permettent au mécanisme de défense du patient de refaire surface » (V. Frymann in « La Lésion ostéopathique » Ostéopathie Thérapies Manuelles n°28 de décembre 1987.)
La solution appartient au patient, notre responsabilité est de lui fournir le meilleur point d’appui possible pour l’accompagner dans la traversée de sa difficulté et lui permettre de trouver les ressources nécessaires en lui. La solution ne se situe donc pas chez le praticien, comme je le croyais et comme on me l’indiquait dans mon apprentissage, mais chez le patient. Mes croyances s’en trouvaient à nouveau ébranlées, moi qui pensais que c’était moi praticien qui allais « guérir » les patients, moi qui faisais quelque chose, qui soignait les patients…
Nouveaux questionnements : si ma posture de soignant est d’offrir un point d’appuis au patient, comment lui offrir le meilleur point d’appui ? Comment remonter dans ce fameux cône ? Comment devenir un praticien de conscience ? Comment passer de cet état de savoir à l’état de ne plus savoir et de laisser faire la Vie ?
La réponse à ces questions tenait dans un mot : la présence.
Comment contacter la présence ? Cette question a occupé et occupe encore une grande partie de mon temps. La vision que nous avons en approche tissulaire de la présence repose sur une notion développée par Still : la ternarité.
«… notre raison nous oblige à conclure à l’existence d’un être supérieur qui conduit l’homme matériel, le soutient, le supporte et le protège du danger ; et après toutes ces explications, nous devons décider que l’homme, lorsqu’il est complet, est trinitaire. En premier, le corps matériel, en second, l’être spirituel, en troisième, un être de pensée de loin supérieur à tous les mouvements vitaux et aux formes matérielles, dont le devoir est de diriger sagement ce grand mécanisme de vie. » (Still, 2009,)
En approche tissulaire nous considérons e concept a été pour moi une révélation. En effet lorsque ces trois aspects se trouvent en harmonie, le praticien trouve une stabilité qu’il peut transmettre à son patient. J’avais là une piste pour travailler sur ma stabilité de praticien et comprendre que l’on ne peut pas offrir à l’autre ce qui n’est pas présent en nous. Il m’incombait donc de développer ma présence. Et pour cela il me fallait travailler l’aspect corps (body) : l’enracinement, sur le calme mental (le mind) : le lâcher prise, et rétablir ma relation à ma part de spiritualité (spirit) : ce que Rollin Becker nomme le Partenaire silencieux. Un lien logique entre tous ces éléments commençait à se constituer.
Je commençais à comprendre le modèle du cône. Pour pouvoir m’élever dans ce modèle et recontacter mon être (de là où part le soin), il me fallait partir d’une base stable et enracinée, puis aller à la rencontre de ce qui freine cette incarnation de l’être dans le corps : le mental. De cette rencontre a découlé la compréhension de sa création, de son fonctionnement et m’a permis de trouver les outils pour l’apaiser. J
« Vous n’avez pas besoin de médium pour communiquer avec l’Infini. Cette Infinité se trouve en vous-même. Reconnaissez-la et cultivez-la. » Edwin C. Pickler, « Early Impressions of Dr Still » Journal of the American Osteopathic Association 20 (January 1921), 244.
« Pour connaître le patient, le praticien doit se connaître lui-même… » (Pour un patient global, un praticien global. Article paru dans The Journal of Holistic Medicine, Vol 2, n°1, Spring/Summer 1980 Frymann, 1998 p. 331)
Remerciements
Je tenais dans un premier temps à remercier mes enfants Jade, Louis et Victor pour avoir accepté mes choix de vie même s’ils ont pu être douloureux pour eux et avoir été des révélateurs dans mon chemin. Remercier Pierre, pour sa présence, sa patience, sa confiance et sa transmission. Et enfin remercier ma fée Caroline qui a su avec sa baguette magique remettre des paillettes de lumière dans ma vie. Tu m’as fait comprendre ce que sont les êtres de lumière. Merci.
Alors maintenant, allons rencontrer nos limites !
Ce que nous allons faire maintenant
L’ouvrage comporte deux parties. L’objectif de la première est de décrire l’approche tissulaire de façon théorique, mais aussi et surtout d’engager le lecteur vers une autre manière de regarder et d’agir, aussi bien dans son activité de thérapeute que dans sa vie personnelle. La démarche est de nature constructiviste*, développant l’idée que la réalité que nous observons ou vivons n’est pas totalement préexistante ou indépendante de nous, mais, au moins partiellement, créée par celui qui la vit ou l’observe, en fonction de ses propres modèles, paradigmes et cartes, explicites et surtout, implicites. Autrement dit, le modèle n’est pas dans la chose observée, mais dans la tête de celui qui observe.
Bien qu’utilisant une démarche de nature scientifique (création d’hypothèse, de modèle, mise en application et vérification), nous n’avons pas d’ambition scientifique (en tout cas dans la logique de la science actuelle, résolument matérialiste). Les théories scientifiques évoquées le sont dans un but didactique, pour fournir des exemples analogiques, permettant au lecteur de transposer le modèle dans la situation personnelle ou thérapeutique qu’il rencontre, pour l’amener à créer une nouvelle grille lui permettant de décoder plus efficacement les problèmes qu’il observe.
La seconde partie est centrée sur l’application. Elle montre une manière d’utiliser ces concepts dans la pratique ostéopathique courante. Les techniques, fondées sur la théorie précédemment développée y sont décrites. Nous ne désirons cependant pas enfermer le lecteur dans un carcan, seulement montrer une manière de faire. À terme, chacun doit développer ses propres outils, dans le cadre et avec l’aide de la cohérence proposée. Notre démarche peut se comparer à celle d’un maître d’apprentissage. Il apprend à son apprenti à utiliser au mieux les outils spécifiques à son activité, mais à terme, c’est l’apprenti qui crée son chef-d’œuvre.
« Sensations neuves, fortes, et découvertes garanties au cours de cette traversée à la recherche d’une compréhension du vivant ! Les principaux écueils qui s’interposeront et ralentiront notre avancée seront nos propres modèles. Ils organisent en effet notre tissu spirituel, mental, philosophique, corporel, etc. Ils ne se laisseront donc pas modifier ou réduire sans résistance : ‛Selon le principe de l’homéostasie, tout système, résiste à toute tentative d’altération de lui-même.’ (Watzlawick, 1993, 56). » (Tricot-Decouvelaere, 2024, 39-40).
Bibliographie
1 Mind et spirit : le français traduit ces deux mots par « esprit », mais ils ont un sens différent. « Mind », c’est l’entendement, la raison, la pensée, l’intelligence, l’attention, la mémoire, l’intention. Pour le traduire, nous n’avons pas trouvé un mot exactement équivalent français. Nous sommes souvent obligés de recourir à deux mots : esprit de raison, ou esprit organisateur. Nous utiliserons également le terme « mental ».
« Spirit », c’est l’être immatériel, le pneuma, le souffle (divin), la partie non physique de l’homme. Et pour le traduire, là aussi, nous sommes souvent obligés de recourir à plusieurs mots : esprit de vie. Dans les deux cas, il s’agit bien d’esprit, donc de quelque chose (si on peut toutefois utiliser le mot chose, parlons donc plutôt d’instance), d’instances donc, ayant pour point commun d’être non matérielles, d’assumer une causalité, mais présentant toutefois des caractéristiques différentes.
2 Les mots suivis d’un astérisque sont définis dans le glossaire p ???
3 Je et/ou nous : cet ouvrage est écrit à deux personnes Alain Decouvelaere et Pierre Tricot. Pour cette raison, le nous est généralement utilisé. Pourtant, chacun de nous a vécu des expériences qui lui sont personnelles et pour lesquelles il n’est pas logique d’utiliser le nous. Lorsque la description d’une telle expérience personnelle est présentée, le Je est utilisé, en précisant entre parenthèses s’il s’agit de Pierre (PT) ou d’Alain (AD).
4 La date de copyright de Philosophie et principes mécaniques de l’ostéopathie est 1892. Cela correspond à l’époque de la création du collège de Kirksville. On peut supposer que Still considérait ce texte comme important dans l’enseignement et la propagation de l’ostéopathie naissante. Pourtant, il ne fut publié qu’en 1902 puis mystérieusement retiré, sans explications (Trowbridge, 1999, 249). Il fut republié en 1986 par Osteopathic Enterprise à Kirksville Mo. La plupart des chapitres de ce premier ouvrage ont été repris dans Philosophie de l’ostéopathie ou dans Recherche et pratique. Le chapitre 11 appelé Biogène n’est que très partiellement repris dans Philosophie. Original à plus d’un titre, ce chapitre montre comment Still envisageait la vie et le vivant sur le plan métaphysique et la manière dont il se questionnait. Le chapitre Biogène a été volontairement ajouté à la fin de la réédition de la traduction de Philosophie, parue en octobre 2003.
5 Herbert Spencer (1820-1903). Ingénieur, philosophe anglais, fondateur de la philosophie évolutionniste. Il tente d’élargir le concept évolutionniste développé par Darwin au niveau de la biologie, à tous les domaines des activités humaines, notamment la psychologie, la sociologie, l’éthique, etc. Tout en affirmant le caractère inconnaissable de la nature intime de l’univers, il tente de donner une explication globale de l’évolution des êtres à partir des lois ordinaires de la mécanique. Selon Spencer, le monde se transforme et évolue de l’inorganique vers le biologique, le psychologique et le social : à chacun de ces stades se vérifie la loi de complexité croissante, par l’adaptation de plus en plus précise des fonctions aux conditions changeantes du milieu, par l’intégration toujours plus grande des parties au tout et par la diversification des relations sociales.
6 Alfred Korzybski (1879-1950), né à Varsovie en Pologne au sein d’une famille d’ingénieurs, de mathématiciens et de scientifiques. Ingénieur lui-même, il s’intéresse très tôt la linguistique et à la psychologie. Il travaille un temps dans le renseignement militaire puis comme conseiller militaire au Canada et aux États-Unis. À partir de 1921, il s’établit aux USA pour y poursuivre une longue réflexion sur l’homme. En 1921, il publie Manhood of Humanity, en 1924-26, Time binding : The General Theory et en 1933, Science of Sanity. An Introduction to Non-Arestotelian Systems and General Semantics, ouvrage considéré comme la somme de ses idées. En 1938, il fonde l’Institut de Sémantique générale, dont le siège actuel est à Lakeville [Connecticut-USA]. Beaucoup de théories ‘psychologiques’ actuelles se fondent sur les prémisses de la sémantique générale. Certaines, comme l’école de Palo Alto, fondée par Don Jackson et Gregory Bateson le reconnaissent explicitement.
7 Le non de non-aristotélicien ne signifie pas que cette logique s’oppose à la logique dite aristotélicienne (A versus non-A). Il indique que la logique n’est pas aristotélicienne. Elle est en fait un système logique plus vaste qui inclut la logique de A versus non-A comme un cas particulier.
8 Edgar Morin (né en 1921). Sociologue et philosophe, au CNRS depuis 1950. Il y est aujourd’hui directeur de recherche. Enseigne aux États-Unis et en Amérique latine. Son œuvre multiple est dirigée par le souci d’une connaissance non mutilée, non cloisonnée, apte à saisir la complexité du réel, respectant cependant le singulier et l’insérant dans l’ensemble. Bibliographie foisonnante. Parmi ses ouvrages essentiels, les 5 tomes de La Méthode, parus entre 1977 et 2001 : 1. La Nature de la Nature (1977), 2. La vie de la vie (1980), 3. La Connaissance de la Connaissance (1986), 4. Les Idées. Leur habitat, leur vie, leurs mœurs, leur organisation (1991), 5. L’identité humaine (2001), également Introduction à la pensée complexe (1990) et en collaboration avec Jean-Louis Le Moigne, L’intelligence de la complexité (1999).
9 Tiers exclu : Un des deux principes de base de la logique d’Aristote : une chose est vraie ou fausse, mais il n’y a pas de moyen terme – de « tiers » – entre les contradictoires. L’autre principe est celui de contradiction : il est impossible qu’une chose soit et ne soit pas, simultanément.
10 Jean-Edouard Charon (1920-1998). Physicien, ingénieur de l’École Supérieure de Physique et de Chimie, il se spécialise dans les recherches nucléaires, au Commissariat à l’Énergie Atomique de Saclay. En 1959, il s’oriente vers la physique fondamentale et cherche à prolonger les théories d’Einstein, dans un modèle unitaire englobant la description de tous les phénomènes physiques : Théorie de la Relativité Complexe (1977). Parallèlement à ses ouvrages de physique, il publie de nombreux ouvrages philosophiques et s’intéresse à la structure du langage et à la théorie générale de la connaissance : La Connaissance de l’Univers (1961) De la physique à l’Homme (1965), L’Être et le Verbe (1965), L’Esprit cet inconnu (1977), Et le Divin dans tout ça ? (1998).
11 Stéphane Lupasco (1900-1988) : Philosophe d’origine roumaine naturalisé français en 1947. Il a élaboré une vision du monde informée par la physique quantique. Dans Le Principe d’antagonisme et la logique de l’énergie (1951), s’opposant au principe du tiers exclu, issu de la pensée aristotélicienne et fondement de la logique mathématique usuelle, il développe le principe du « tiers inclus » et présente le concept des trois matières. Son essai le plus connu, Les Trois Matières (1960), propose une grille de lecture de phénomènes très divers (physiques, biologiques, mais aussi psychologiques, sociologiques et esthétiques), couvrant l’ensemble du champ de la connaissance. Ouvrages essentiels : L’énergie et la matière vivante (1973), L’énergie et la matière psychique (1974), L’univers psychique (1979), Les trois éthiques (1986).
12 Arthur Koestler (1905-1983) Écrivain politique, puis vulgarisateur scientifique d’origine hongroise, naturalisé britannique. D’abord militant pour la cause sioniste, puis communiste, il effectue comme journaliste plusieurs séjours en Israël, en URSS, puis en Espagne pour y couvrir le soulèvement militaire. En 1937, il est arrêté par les phalangistes, emprisonné, puis condamné à mort et enfin libéré grâce à un échange d’otages. En 1939, il rompt avec le parti communiste. Cette même année, il est arrêté par la police française comme « suspect politique », relâché, puis de nouveau arrêté, il parvient à s’échapper, gagne l’Angleterre et publie en fin d’année, Le zéro et l’infini, un de ses livres les plus connus. Après la guerre, Koestler milite activement pour la cause sioniste et publie de nombreux articles, notamment dans le Times dont il est correspondant en Israël. En 1954, il quitte l’arène politique et se consacre à la vulgarisation scientifique. En 1965, il publie Le cheval dans la locomotive, en 1978, Janus, ouvrages dans lesquels il présente et développe le modèle holarchique.
Pierre Tricot
J'ai commencé ma formation en ostéopathie, en 1971, au sortir du service militaire, juste après avoir terminé mes études de kinésithérapie.
J'ai reçu ma formation de maîtres français discrets, essentiellement Francis Peyralade et René Quéguiner et de maîtres américains : Tom Schooley et Viola Frymann, élèves directs de Sutherland.
Viola Frymann m'a proposé une image de l'ostéopathe complet, reconnaissant, respectant et travaillant avec la totalité de l'individu (body, mind, spirit...).
Mais, j'avais de gros problèmes de palpation, ce qui m'a obligé à chercher, à expérimenter et conduit finalement à mettre en place une pédagogie de la palpation de la vie tissulaire que j'ai expérimenté pendant plus de cinquante années d'exercie en cabinet et que j'expérimente toujours aujourd'hui en tant qu'enseignant.
Je me suis rapidement intéressé aux textes émanant des sources reconnues de l'ostéopathie, avec l'idée qu'ils devraient être nos références en tant que praticiens, nos fulcrums. Cela m'a conduit à traduire les principaux textes de Still, seul moyen de les mettre à disposition des personnes francophones. Ce contact avec l'esprit du fondateur m'a révélé la véritable dimension de l'ostéopathie qui dépasse largement la simple considération corporelle et s'intéresse à la tripartition de l'être humain : body, mind, spirit.
Dans le même ordre d'idée, j'ai activement participé à la naissance de la revue de l'Académie d'Ostéopathie de France - Apostill - et à sa rédaction pendant plusieurs années. J'y ai publié quelques traductions et articles originaux.
Face aux questions des patients, je me suis intéressé à faire connaître l'ostéopathie. Je me suis rendu compte à quel point l'organisation et le fonctionnement du système corporel sont peu connus. Pourtant, nous avons tous un corps que nous utilisons sans cesse, sans pour autant nous préoccuper de la manière dont il fonctionne. Cette constatation m'a finalement amené à écrire un livre de présentation de l'ostéopathie dont la première édition date de 1992. Il a été réédité en 1998 sous le titre L'Ostéopathie, une thérapie à découvrir, aux éditions Chiron. Plus récemment (2003) est sorti L'Ostéopathie, ce qui marche, ce qui ne marche pas aux éditions Josette Lyon.
Alain Decouvelaere
Diplômé en Kinésithérapie en 1995, j'ai commencé à travailler dès mon retour du service militaire. Sportif de haut niveau (canoë-cayak) je me suis intéressé au travail avec les sportifs de haut niveau, ce qui m'a permis de découvrir l'ostéopathie et ses possibilités.
L'efficicaté apparente de l'approche et les résultats incertains de la seule kinésithérapie m'ont poussé à entreprendre des études d'ostéopathie en 1999.
Dans les formations que j'ai suivi (il y en a eu plusieurs...), j'ai très vite été gêné par le manque de cohérence entre les paroles et les actes au niveau de l'enseignement. Ce qui m'était enseigné ne correspondait pas à la conception que je me faisais de l'ostéopathie que j'envisage plus comme une philosophie de vie que comme une simple technique de soin. Or notre enseignement était essentiellement technique et j'avais la sensation qu'il s'éloignait des fondements de l'ostéopathie. Ainsi, après trois ans, j'ai finalement décidé d'arrêter mes études.
En 2003, suite au bien-être apporté à mon fils par un traitement ostéopathique, et après en avoir discuté avec le praticien qui le traitait, j'ai décidé, sur ses conseils, de reprendre mes études d'ostéopathie dans son école. Ce professionnel exprimait la cohérence qui me manquait et il incarnait cette philosophie de vie que je cherchais.
2008 - Jeune diplômé et toujours à la recherche de la compréhension de mes échecs dans les traitements, suivant les conseils d'un de mes maitres, j'assiste à mon premier stage d'approche tissulaire, donné à Granville et animé par Pierre Tricot.
Rencontre déterminante pour la suite de mon chemin, tout d'abord à cause de la personnalité de l'animateur, de sa bienveillance et de son désir d'authenticité, puis du concept, cohérant et respectueux de la vie et du vivant.
Enfin, j'ai trouvé dans l'approche tissulaire les réponses à nombres de mes questions. J'ai découvert que je pouvais faire confiance à mes perceptions, ainsi qu'une manière de les utiliser.
Dans l'approche tissulaire on ne cherche plus à appliquer une technique en fonction de telle ou telle pathologie, mais à entrer en communication avec les tissus du patient pour qu'ils nous guident vers la zone qui a besoin d'être traitée. Réussir à recevoir le message que désire nous livrer le système corporel du patient, le comprendre et l'aider à retrouver l'harmonie : quel programme et quel voyage ! Voyage à la rencontre de deux êtres.
Après avoir suivi plusieurs niveaux 1 et 2, j'ai pris conscience que pour réussir à comprendre l'autre, il est nécessaire de se comprendre soi. Enrichi de ces nouvelles perceptions, j'ai eu envie, à mon tour, de transmettre ce qui m'a été donné, c'est pourquoi j'ai finalement décidé de rejoindre Pierre. Je l'accompagne désormais dans les formations d'approche tissulaire.
Table des matières
Préface de 2025
Introduction de Pierre Tricot
Introduction d’Alain Decouvelaere
Première partie • Concepts
Chapitre 1
Penser le complexe
Chapitre 2
De la conscience à la matière
Chapitre 3
Consciences et système de consciences
Chapitre 4
L’esprit [Spirit] – Le Partenaire silencieux de Rollin Becker
Chapitre 5
La conscience en action – Le Mind – La fonction de la conscience
Deuxième partie • Technique
Chapitre 6
Les outils de la conscience
Chapitre 7
Les outils de la conscience (2)
Chapitre 8
Praticien-patient
Chapitre 9
Travail à plusieurs
Chapitre 10
Dialogue tissulaire
Chapitre 11
Lignée ancestrale
Chapitre 12
Régression consciente
Chapitre 13
Libération des flux
Chapitre 14
Still-point – Conclusion
Bibliographie