La première édition du livre 2 d’approche tissulaire date de 2005. Comme pour le livre 1, s’est posé la question de la pertinence d’une nouvelle édition revue et corrigée. Plus encore que pour le livre 1, il nous a semblé évident qu’il était indispensable de concevoir et de publier une mise à jour.

Préface 2025

Tout d’abord, il est évident qu’en 20 ans de nombreuses évolutions se sont produites. Et sur le niveau 2 elles ont été plus nombreuses encore que sur le niveau 1. Certes, le fondamental n’a pas changé, mais l’expérience accumulée en 20 ans de pratique et d’enseignement a apporté beaucoup de nouveautés.

De plus, comme pour le livre 1, beaucoup de références bibliographiques ont dû être modifiées, essentiellement parce que certains textes importants ont bénéficié de nouvelles éditions, comme l’Autobiographie de Still republiée en 2017 et que certains autres, notamment de Still (Philosophie et principes mécaniques de l’ostéopathie), de Sutherland (Contributions de pensée et Avec les Doigts qui pensent) et de Becker (La vie en mouvement et L’immobilité de la vie), ont été publiés en français depuis la rédaction du livre 2 en 2005. Les références données étaient donc logiquement relatives aux publications françaises ou américaines disponibles à l’époque et il est apparu indispensable de les actualiser. Par ailleurs, d’autres références qui n’étaient pas connues à l’époque ont fait leur apparition et il a semblé important de les faire figurer.

Outre la multiplication des données, notre progression de praticiens et d’enseignants nous a fait découvrir des difficultés rencontrées par les participants dont nous ne soupçonnions pas l’existence ou l’importance au début de notre démarche.

L’une d’elle vient du fait qu’avec l’avènement et le succès des formations temps plein, sont arrivés chez les professionnels des praticiens de plus en plus jeunes, sans grande expérience de la vie.

Une autre tient au fait que les formations de collèges mettent de plus en plus l’accent sur les aspects scientifiques voire médicaux et de moins en moins sur les fondamentaux historiques et philosophiques de l’ostéopathie. Pour les jeunes ainsi formés, les concepts proposés par l’approche tissulaire sont souvent inconnus et très dérangeants.

Nous nous sommes également rendu compte que le contenu informatif du niveau 1 était devenu très dense et qu’une bonne partie échappait à de nombreux participants. Pendant longtemps, nous avons tenté de gérer cette difficulté en incitant les stagiaires à refaire au moins une fois le niveau 1 avant d’aller sur le 2.

Malgré cela, la marche semblait encore bien haute pour certains. Passer du concept corps-chose au concept corps-consciences ne se fait pas si facilement que cela, parce que cela contredit notre « livre des significations », c’est-à-dire le livre du monde que nous avons dans la tête et qui le plus souvent implicitement, règle l’interprétation et la compréhension de ce que nous percevons. À cause de cela, l’intégration de l’approche tissulaire se fait par une transformation progressive de notre « être » et de notre capacité à percevoir, grandement liée à la qualité de notre présence-attention-intention et des perceptions qui en découlent. Cette évolution procède d’une longue maturation qui nécessite de revenir à la « source » afin d’ajuster, rectifier, compléter ce que nous avons mis en pratique.

Tout cela nécessite un véritable « saut énergétique » alimenté par les échanges entre praticiens, les nouvelles expériences palpatoires et l’émulation qu’offre le groupe. C’est ce qu’expriment la plupart des participants qui se retrouvent au fil des années, de niveau 1 en niveau 2, et inversement, et qui bénéficient à l’issue de chaque stage d’un changement manifeste dans leurs perceptions et leur compréhension du vivant.

C’est ainsi que dans les années 2010, Tess Deffinis une ostéopathe de Marseille a eu l’idée de créer un niveau intermédiaire entre le 1 et le 2 qu’elle a appelé niveau 1 plus (niveau 1+) dont l’objectif était de revisiter les concepts de base du 1er niveau (conscience, communication, énergie, etc.), d’exposer quelques fondamentaux du 2e niveau (actualisation / potentialisation, les 3 matières, etc.), de mettre l’accent sur le développement des perceptions de chacun, en s’appuyant sur des pratiques intégrant les paramètres de palpation, subjectifs (présence, attention et intention) et objectifs (tension, densité et vitesse), de reprendre le modus operandi et les techniques essentielles qui lui sont associées. Malgré cela nous nous sommes rendu compte que persistaient des difficultés tenant pour l’essentiel à la compréhension du praticien conscience et à la gestion du mental perturbant souvent la présence.

C’est dans cette même période, qu’Alain Decouvelaere nous a rejoint. Rencontrant lui-même des difficultés pour intégrer et pratiquer l’approche, il a eu le courage d’entreprendre une démarche personnelle et une recherche approfondie qui l’ont conduit à une bien meilleure compréhension du mental et de ses ressorts cachés. Outre l’évolution personnelle qui en a découlé, cela lui a permis de trouver des moyens pour aider davantage de jeunes praticiens à gérer leur mental pour accéder à une meilleure qualité et stabilité de leur présence. Il exprime tout cela aujourd’hui sur le niveau 1+. La présente mise à jour a intégré une bonne partie de ce qu’il a découvert et mis en place pour les praticiens en approche tissulaire. Son apport est pour l’approche d’un inestimable intérêt. Qu’il en soit chaleureusement remercié.